La France est actuellement confrontée à une dette publique élevée qui représente environ 120% du PIB. Cependant, il n’est pas approprié de dire que la France est dans une « trappe à dettes ».
A partir de quand pourrait-on considérer que la France est entrée dans une « trappe à dettes » ?
Quel est l’équation économique et à partir de quelles valeurs peut-on estimer que le point de non retour est atteint : à savoir l’impossibilité de rembourser la dette, le service des ses intérêts étant trop lourd ?
L’équation économique qui permet d’estimer la soutenabilité de la dette est la suivante :
(1 + r) = (1 + g) * (1 + i)
où r est le taux d’intérêt sur la dette, g est le taux de croissance nominal du PIB, et i est le taux d’inflation.
L’équation montre que la soutenabilité de la dette dépend du taux d’intérêt, du taux de croissance nominal du PIB et du taux d’inflation. Si le taux d’intérêt sur la dette est supérieur au taux de croissance nominal du PIB, la dette peut devenir insoutenable car le fardeau de la dette augmentera plus rapidement que la capacité du pays à générer des revenus pour rembourser la dette. Dans ce cas, le service de la dette pourrait devenir trop lourd et le pays pourrait avoir du mal à emprunter à des taux raisonnables.
Il n’y a pas de valeurs spécifiques pour déterminer le point de non-retour car cela dépend des conditions économiques du pays. Cependant, les économistes considèrent généralement qu’un ratio dette/PIB supérieur à 100% peut commencer à compromettre la soutenabilité de la dette, mais cela dépendra également des facteurs mentionnés ci-dessus, tels que le taux d’intérêt et le taux de croissance.
Avec un taux de croissant négatif ou à zéro et une taux d’intérêt entre 3 et 5%, quel est le scénario ?
Si le taux de croissance nominal du PIB est nul ou négatif, cela signifie que la capacité du pays à générer des revenus pour rembourser sa dette est limitée. Dans ce cas, le pays pourrait avoir du mal à rembourser sa dette, même si le taux d’intérêt est relativement bas. Si le taux d’intérêt sur la dette est supérieur à 3-5%, cela peut aggraver la situation en augmentant le fardeau de la dette et en réduisant la capacité du pays à emprunter à des taux raisonnables.
Bien sûr, la situation économique est complexe et d’autres facteurs peuvent également avoir un impact sur la soutenabilité de la dette. Par exemple, la crédibilité de la politique fiscale du pays et la perception des investisseurs sont également des facteurs importants qui peuvent affecter le coût et la disponibilité du financement de la dette. Par conséquent, il est difficile de prévoir exactement quel serait le scénario dans ce contexte et cela dépendrait des conditions économiques spécifiques du pays.
Voici un tableau estimatif de l’évolution de la dette publique de la France sur les 20 prochaines années, sur la base des hypothèses suivantes :
- taux d’intérêt de 3,5%
- taux d’inflation de 6%
- croissance annuelle du PIB de 1%
- dette publique actuelle de 130% du PIB
Année | PIB (en milliards d’euros) | Dette publique (en milliards d’euros) | Dette publique / PIB (%) | Charge de la dette (en milliards d’euros) |
---|---|---|---|---|
2023 | 2 500 | 3 250 | 130% | 113,75 |
2024 | 2 525 | 3 357 | 133% | 117,50 |
2025 | 2 550 | 3 468 | 136% | 121,38 |
2026 | 2 575 | 3 582 | 139% | 125,32 |
2027 | 2 600 | 3 699 | 142% | 129,32 |
2028 | 2 626 | 3 820 | 145% | 133,37 |
2029 | 2 652 | 3 945 | 149% | 137,48 |
2030 | 2 678 | 4 073 | 152% | 141,65 |
2031 | 2 705 | 4 205 | 156% | 145,88 |
2032 | 2 732 | 4 340 | 159% | 150,17 |
2033 | 2 759 | 4 479 | 163% | 154,52 |
2034 | 2 787 | 4 621 | 166% | 158,92 |
2035 | 2 815 | 4 768 | 169% | 163,38 |
2036 | 2 843 | 4 918 | 173% | 167,90 |
2037 | 2 871 | 5 072 | 177% | 172,48 |
2038 | 2 900 | 5 230 | 180% | 177,12 |
2039 | 2 929 | 5 392 | 184% | 181,81 |
2040 | 2 959 | 5 558 | 188% | 186,57 |
2041 | 2 988 | 5 728 | 192% | 191,38 |
2042 | 3 018 | 5 902 | 196% | 196,26 |
Le tableau montre que la dette publique de la France continue d’augmenter au cours des 20 prochaines années, atteignant près de 200% du PIB en 2042. La charge de la dette augmente également au fil du temps, dépassant 196 milliards d’euros en 2042. Cela montre que la France pourrait éprouver des difficultés à rembourser sa dette et à financer ses dépenses publiques à long terme. Cette analyse prospectiviste est basée sur des hypothèses simplifiées et elle ne prend pas en compte les évolutions économiques imprévues ou les politiques fiscales et budgétaires que le gouvernement pourrait mettre en œuvre.
Quelle conséquence sur l’avenir de la France face à ses créanciers et concurrents ?
Le fait que la France continue à augmenter sa dette publique, tout en ayant des taux d’intérêt plus élevés que le taux de croissance économique, peut entraîner une baisse de la confiance des investisseurs dans sa capacité à rembourser ses dettes. Cela peut entraîner une augmentation des spreads de taux d’intérêt entre la France et les autres pays mieux gérés, ce qui peut à son tour aggraver la situation de la France. En fin de compte, cela peut conduire à une augmentation des taux d’intérêt que la France doit payer sur sa dette, augmentant ainsi le fardeau de la dette publique.